Cela s’est déroulée jeudi dernier, par une journée semblable aux autres. Je m’approche de l’aéroclub. Je suis un tantinet nerveux : je vais effectuer un saut en parachute pour la première fois. Un saut en tandem. Je fais la découverte de mon moniteur, Quentin. C’est donc à cet homme que je vais confier ma vie. L’atmosphère est décontractée. C’est le même type d’ambiance que j’ai déjà pu ressentir en pratiquant une séance de kitesurf en compagnie de professionnels il y a deux ans. Chris me présente les consignes à suivre pour empêcher des fractures, puis nous passons nos harnais, qui va des cuisses aux épaules. Ainsi fagoté, je découvre l’avion qui nous attend au bord de la piste. J’entre tant bien que mal à l’arrière. Pas un siège en vue : nous devrons nous asseoir à même le plancher, sur un vieux matelas. Le pilote à l’avant ne perd pas une minute et nous quitte le plancher des vaches. Déjà, le vol est en lui-même insolite. Je suis habitué à prendre l’avion, mais je vous promets que voler sur un petit appareil se révèle très différent. La porte latérale droite est en fait un rideau de plastique qui laisse le vent glacial entrer dans l’habitacle. La vue est troublante. La vue sur le vide, chute libre notamment. Après 25 minutes de vol, nous nous retrouvons finalement l’altitude de largage. Quentin assujettit mon harnais au sien, puis me donne mes lunettes. C’est assez serré, mais étant donné la vitesse à laquelle je vais avoir droit, il faut faire au mieux pour ne pas les perdre en cours de vol. La peur monte brusquement comme vient le moment de se lancer et que je suis face au vide.
Je réalise subitement ce que je vais faire : sauter dans le vide à 3 km et demi au-dessus du sol, et faire confiance à ! Mon envie de faire ce saut m’a soudainement déserté. On se laisse tomber, et c’est parti. Et en avant pour 55 petites secondes de jouissance ! Une chute à 200 km/h. Ma bouche est gonflée par l’air. Je pourrais la fermer, mais je ne peux m’empêcher de sourire d’un air niais. Ce n’est pas tous les jours qu’on vole. Subitement, le parachute s’ouvre. J’ai l’impression d’être un pantin dont on aurait tiré la ficelle. Et l’expérience découvre un nouveau visage. Le silence qui règne en altitude est surprenante, d’autant plus impressionnante après la phase de chute. Le monde est d’une troublante délicatesse. Une sensation grisante. Le sol se rapproche et on rejoint la terre ferme, à quelques pas du hangar où j’ai rencontré Thomas. voilà ce qu’on peut appeler un vol aux petits oignons. Prochaine fois ? J’opterai pour un saut en solo. Je rêve de pouvoir contrôler ma trajectoire pendant la chute libre. Avoir quelqu’un juste derrière soi limite un peu les expérimentations.